Le Roi de la Police Montée (King of the Royal Mounted en anglais) est un personnage de bandes dessinées. C’est un policier canadien dont les aventures étaient moins connues des jeunes lecteurs que celles de Mandrake, de Guy l’Eclair (alias Flash Gordon) ou de Luc Bradefer (alias Brick Bradford). Et pourtant, les aventures du Roi de la Police Montée ont été les plus diffusées en France dans les journaux d’avant-guerre.
Les récits du King ont été très largement publiés dans les grands illustrés de l’époque. On parle ici de cinq, et parfois dix bandes hebdomadaires dans Hurrah! et deux pages pendant des années dans l’Aventureux, la page du dimanche publiée dans Mickey ainsi que les brochures mensuelles.
Le Roi de la Police Montée apparaît ensuite dans l’hebdomadaire belge Bravo, qui reprend la publication après guerre en même temps que l’illustré Donald en France. Il n’y a guère que la série Agent secret X.9 qui connut une diffusion aussi considérable.
Ce n’est d’ailleurs pas le seul point commun des deux séries. En effet, les dessinateurs qui œuvrèrent sur ces deux personnages de BD furent souvent les mêmes.
Le Roi de la police montée – Les dessinateurs
Allen Dean
ALLEN DEAN fut le dessinateur du Roi de la Police Montée jusqu’en 1938. On trouve ses derniers dessins dans Hurrah! n°161 du 3 Juillet 1938. En deux grandes pages il y termina l’épisode des marchands de fourrure Decker et Morgan, qui succédait à l’aventure du masque à carreaux. Dès la semaine suivante, la série reprend sous une autre plume. D’abord anonyme, cette plume est celle de Charles FLANDERS, qui illustrera également plus tard LONE RANGER. Allen Dean avait abandonné Le Roi de le Police Montée pour entamer la série TEX le cow-boy, d’après l’œuvre de Zane Grey. Les aventures de Tex furent publiées en France par Robinson et en Belgique par Spirou.
Charles Flanders
FLANDERS créa à son tour une quantité d’enquêtes mouvementées à son policier canadien. En même temps, il illustrait les aventures de l’agent X9 dans le journal Aventures avant de les confier à M. Alfonsky, l’illustrateur de Annie et de Jojo dans le journal Mickey. Avant ce passage de flambeau, FLANDERS était dépassé par la quantité de dessins qu’il devait produire pour le Roi de la Police Montée.
Il prit alors un collaborateur dont l’apport fut d’abord modeste. Le jeune homme aidait FLANDERS en traçant las cadres des images ou en gommant le crayon du maître au moment de la mise à l’encre. Puis doucement, il dessina ici et là un petit coin de décor, un buisson ou une barrière. Mais FLANDERS était toujours débordé par la quantité de travail. C’est alors qu’il réalisa que son jeune collaborateur savait également dessiner les chevaux. Dès lors, il lui confia plus de responsabilités. La série finit par être réalisée en binôme à partir de l’épisode Le secret du fleuve mugissant (Hurrrah! du 14 Mai 1939). A partir de là, FLANDERS ne dessina plus que les personnages principaux.
Fred Harman
C’est dans Hurrah N° 210 du 11 Juin 1939 que, pour la première fois, on reconnaît la patte du collaborateur mystérieux : il s’agissait du jeune Fred Harman, le père de Bronc Peeler et de Red Ryder. Les chevaux, les troncs flottants, les trottoirs des planches disjointes, les toits de masures curieusement incurvés, portent sa marque jusqu’à la fin de cet épisode.
Néanmoins, la collaboration fut de courte durée : FLANDERS songeait de plus en plus à Lone Ranger et Fred HARMAN voulait réaliser tout seul son propre western. Une fois encore, le Roi de la Police Montée fut donc légué à un nouveau venu. C’est Jim GARY qui reprit le personnage, à partir de l’épisode La Monstre des More (Hurrah! N° 212). C’est également lui qui dessinait les planches du dimanche publiées par Mickey sous le titre La Patrouille du Grand Nord.
Le Roi de la Police Montée – La question des traductions approximatives
Le Roi de la police montée est présenté comme un capitaine dans Hurrah et dans l’Aventureux. Mais dans Mickey, il redevient simple sergent, Le sergent Martin, qui sera ensuite affublé du patronyme Bob Martin, qui n’existe pas dans la BD originale. Il s’agit donc d’une création « made in France ». En revanche, le grade de sergent est bien celui prévu par l’auteur original.
Au Canada, le personnage fut baptisé Le sergent Roy de la police Montée. Dans Bravo, pendant la guerre (épisode Le Mystère de la Nappe d’Hélium), le sergent-capitaine devient tout bonnement le policier et s’appelle John Burns. Dans l’épisode suivant, Un meurtre ou ranch, il redevient le sergent Burns. (Bravo. 3e année, N°12). Mais, à la Libération, la même Bravo, il retrouva le titre Le Roi de la Police Montée, et le héros son nom de King. Il sera également appelé ainsi dans Donald.
En somme, le plus curieux fut peut-être l’obstination du traducteur qui, pendant des années, dans Hurrah! et l’Aventureux, nomma Capitaine un personnage qui exhibait sur sa manche droite, les trois sardines réglementaires du sergent. Et c’est ainsi que le vrai capitaine (le supérieur hiérarchique de King) avait dû lui aussi recevoir une promotion en devenant colonel dans Hurrah!
Le Roi de la Police Montée : Les Publications en France sous forme de récit complet
Même si le dessin de cette série souffre parfois d’une inconstance dans la qualité, le scénario est souvent très ingénieux. En effet, certains épisodes de quelques pages contiennent une matière dont on aurait pu tirer une série de 44 ou 60 pages sans autre effort que de développer les situations esquissées par Dean, Flanders, Harman ou Gary.
- Editions Mondiales dans la collection Les Aventuriers d’Aujourd’hui (de 1938 à 1941)
- Editions SAGE dans la série King (de 1949 à 1953)
- Editions Rouff dans la série Au Galop!